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Samedi 31 Mai 2003 29 Iyar 5763 |
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Pour Israël et les États-Unis, il y a différentes sortes de cessez-le-feu
L'Orient Le Jour
Le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas sest fait fort dobtenir du Hamas un cessez-le-feu, peut-être même dès la semaine prochaine, mais ni Israël ni les États-Unis ne sont prêts à se satisfaire dune simple suspension des attentats.
Lannonce dune trêve par le Hamas, responsable des attentats-suicide anti-israéliens les plus sanglants, juste avant le sommet qui doit réunir mercredi prochain à Aqaba (Jordanie) le président américain George W. Bush, le Premier ministre israélien Ariel Sharon et M. Abbas constituerait pour ce dernier un succès certain.
Car M. Abbas sait que les États-Unis estiment, comme M. Sharon, que la fin de lintifada est la condition sine qua non à lapplication de la « feuille de route », le nouveau plan de paix international.
Après lacceptation dimanche passé de ce plan par le gouvernement israélien, M. Abbas se trouve donc dans lobligation de passer aux actes.
« Je crois que je parviendrai la semaine prochaine à obtenir un accord de cessez-le-feu du Hamas », a-t-il affirmé dans des propos publiés jeudi par le quotidien israélien Yediot Aharonot.
Mais pour Israël comme pour les États-Unis, il y a trêve et trêve. La simple proclamation dune suspension de ses attaques par le Hamas nest « pas suffisante », a déclaré un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner. « Ni à nos yeux ni aux yeux des Américains », a-t-il affirmé, rappelant les propos tenus la veille par le porte-parole de M. Bush, Ari Fleischer.
Celui-ci avait indiqué quun cessez-le-feu de la part des Palestiniens devait être accompagné de « mesures parallèles » pour « désarmer complètement et démanteler les groupes » armés.
Les Palestiniens « croient que sils décrètent un cessez-le-feu sans toucher aux organisations mêmes, sans quelles livrent leurs armes, ce sera suffisant », a expliqué M. Pazner. La saisie de ces armes est donc, pour Israël, un minimum absolu.
Il est pourtant difficile denvisager que le Hamas remette ses armes de son plein gré. Quant à M. Abbas, il a formellement exclu toute confrontation violente entre lAutorité palestinienne et le Hamas.
La hantise des Israéliens est que ce dernier accepte un cessez-le-feu temporaire dans le seul but de gagner du temps pour reconstituer ses forces, notamment en Cisjordanie, où sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a subi de lourdes pertes depuis plus dun an.
« Nous savons que certains au Hamas soutiennent ce genre de cessez-le-feu, dautres pas », expliquait récemment un haut responsable sécuritaire israélien.
Le fait quun débat ait lieu actuellement à ce sujet au sein des instances dirigeantes du Hamas, dans la bande de Gaza comme à létranger, ne fait en tout cas aucun doute.
« Il ny a pas quune seule école de pensée au Hamas », souligne lanalyste palestinien Zacharia al-Qaq.
Lun des principaux dirigeants du Hamas, Abdelaziz al-Rantissi, a rappelé hier la position officielle de son mouvement concernant une trêve. Le Hamas y met comme condition « larrêt de lagression (israélienne) sous toutes ses formes » contre la population civile palestinienne (voir par ailleurs).
Dans une récente interview, M. Rantissi, qui passe pour un tenant de laile la plus dure du mouvement, avait expliqué quIsraël devrait cesser « les arrestations, les assassinats, les massacres, les démolitions de maisons, les sièges ».
Mais, avait-il ajouté, pas question de mettre fin aux attaques contre les soldats et les colons dans les territoires palestiniens.
Un éventuel cessez-le-feu ne concernerait donc que le territoire israélien, une trêve partielle quIsraël a toujours rejetée.
Or, M. Abbas a affirmé, selon le Yediot Aharonot, que le Hamas sengagerait « à stopper le terrorisme à la fois à lintérieur (dIsraël) et dans les territoires » palestiniens.
Si cela savérait exact, il sagirait donc dune concession de taille du Hamas. Mais là encore, elle pourrait bien nobéir quà des raisons purement tactiques.
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