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Mercredi 21 Mai 2003 19 Iyar 5763 |
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La Knesset décide de pourchasser les négationnistes, « y compris Abu Mazen »
Le Parlement isralien a adopté hier soir une décision engageant Israël « à pourchasser tous les négationnistes de la Shoah (le génocide des juifs par les nazis), notamment le Premier ministre palestinien Abu Maze (Mahmoud Abbas) », a-t-on appris de source parlementaire.
« Cette décision, qui na pas valeur de loi, a été approuvée tard dans la soirée, à la suite dun débat, par 13 députés contre cinq » sur un total de 120, a indiqué à la télévision publique Mickaël Eytan, président de la commission parlementaire des Lois.
Il a précisé que ce texte a été présenté par lUnion nationale, une formation dextrême droite nationaliste. M. Abbas est titulaire dune thèse de doctorat, très contestée, de lUniversité de Moscou sur le thème « Les relations secrètes entre le nazisme et le sionisme », dans laquelle il nie que la Shoah ait coûté la vie à six millions de juifs, parlant de « moins dun million ».
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Manif palestinienne contre les terroristes palestiniens
Les soldats de Tsahal se sont retirés mardi de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, laissant derrière eux des habitants furieux contre les terroristes palestiniens qui ont provoqué cette incursion de cinq jours.
Deux heures après le départ des troupes, qui contrôlent toujours des secteurs de la bande de Gaza d'où les Palestiniens tirent des roquettes Kassam sur la ville israélienne de Sderot, située à quelques centaines de mètres, des Palestiniens de Beit Hanoun ont spontanément manifesté dans les rues de cette cité de 35.000 habitants.
Pour une fois, cette action ne visait pas l'armée israélienne, mais les lanceurs de roquettes, principalement le Hamas.
«Ils disent qu'ils sont des héros, mais ils ne nous ont apporté que la destruction et nous ont privés de toit», a déclaré l'un des manifestants, Mohammed Zaaneen, agriculteur de 30 ans. «Ils se sont servis de nos fermes, de nos maisons, de nos enfants (...) pour se cacher».
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La mise à l'écart de Yasser Arafat encore à l'ordre du jour
Yasser Arafat est accusé d'encourager les attentats contre Israël. La question de son possible bannissement a été abordée par la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense israélienne. Israël reste en état d'alerte.
Le général Aharon Zeevi, chef des renseignements militaires Israéliens, intervenant de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, a tenu le président de l'Autorité palestinienne comme responsable de la vague d'attentats suicide qui a frappé Israël depuis samedi soir.
Plusieurs hauts responsables israéliens ont tenu récemment des propos similaires.
Le général Zeevi, cité par Kol Israël, a cependant souligné qu'il n'était pas judicieux pour l'heure d'évoquer publiquement un bannissement d'Arafat car ce débat, en mettant Yasser Arafat sous les projecteurs, renforçait sa position et, du même coup, celle de la vague d'attentats.
Le député Youval Steiniz, du Likoud, président de la commission, contre l'avis du général Zeevi et des chefs des autres services de sécurité, s'est prononcé pour un bannissement de M. Arafat et le démantèlement de l'Autorité palestinienne, a ajouté la radio.
Suite aux cinq attentats suicide commis depuis samedi, la police, l'armée et les services de sécurité israéliens sont en alerte maximum. Des milliers de policiers ont été déployés dans le centre des villes
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French Kiss
S. Papirblat (Yédiot Aharonot)- traduit par le service de presse de l'Ambassade de France en Israël.
De Villepin parviendra-t-il à réparer ce que De Gaulle a détérioré ? A Jérusalem, de nombreux hiérarques se disent surpris par la sérieuse intention du chef de la diplomatie française, attendu ce week-end à Jérusalem, de tenter d'agir énergiquement pour modifier l'image négative de la France au yeux de la majorité des Israéliens, et pas seulement de ceux de Yatspan (humoriste israélien, ndt).
L'une des premières mesures en ce sens pourrait être la rénovation de l'un des plus vieux cinémas de Tel Aviv, l'« Eden », qui pourrait être transformé en un Centre du cinéma européen.
Peu après son entrée en fonctions il y a un an, Dominique de Villepin s'était rendu en Israël avec l'idée ambitieuse de redynamiser les relations bilatérales franco-israéliennes. Ecrivain, poète, cet homme déterminé à la coiffure élégante et au verbe incisif maintes fois entendu au Conseil de sécurité de lONU lors du duel d'avant guerre avec les Etats-Unis, avait alors présenté ses propositions à l'ancien ministre israélien des AE S.Pérès. Jérusalem accepta. Comment refuser ? Pourtant, certains doutèrent du sérieux des intentions françaises et s'interrogèrent sur les véritables mobiles de Paris. Et voilà que dans les prochains jours, le ministre français revient en Israël pour inaugurer l'action du « groupe de haut niveau » franco-israélien.
(...) Plus de trois décennies après [la volte-face de 1967 dans les relations bilatérales, NDT] , la situation a évolué sans toutefois progresser. La France s'est vue disqualifiée par Israël pour jouer un rôle de médiateur au Proche-Orient ; depuis la guerre du Liban, les médias français sont considérés comme les plus hostiles à Israël en Occident, et lorsque les incidents antisémites ont atteint leur paroxysme l'année dernière sur le territoire français, une certain ton accusateur à l'égard de Paris a pu être ressenti, fait sans précédent, dans les réactions israéliennes.
Lorsque de Villepin a présenté ses propositions pour relancer les relations franco-israéliennes, les opinions divergeaient à Jérusalem quant aux mobiles d'une telle initiative. Méfiants, certains considéraient que les Français étaient intéressés et cyniques. « Ce ne sont que des mots » disaient-ils, « les Français ne font que jeter de la poudre aux yeux pour pouvoir retrouver un rôle d'influence dans les négociations ». A l'inverse, d'autres constataient que les choses changeaient enfin à l'Elysée, et que le président Chirac, par le biais de son si proche nouveau ministre (« il est comme un fils pour moi », a dit un jour le président de la République), considérait que l'image de la France en Israël était un grave problème à résoudre. « Si les Français viennent ici de leur propre initiative », renchérissaient les derniers, « et s'ils sont disposés à y investir du temps et des ressources, pourquoi refuser ? » A quelques jours de l'inauguration du « groupe de haut niveau » par les ministres de Villepin et Shalom, les « méfiants » ont de bonnes raisons de « manger leur chapeau ».
Mais que prévoient au juste les propositions de de Villepin ? Tout d'abord, la création d'un groupe de haut niveau réunissant d'éminentes personnalités françaises et israéliennes, dont le rôle serait de traduire en pratique les bonnes volonté de part et dautre. Ainsi, hormis la mise en place d'un dialogue politique, des équipes ont été chargées de préparer une liste de projets communs dans les domaines culturel, scientifique, économique, commercial.
Ces projets doivent répondre à trois critères : être bénéfiques pour les deux parties, être réalisables, et bénéficier d'un soutien budgétaire. Côté israélien, le groupe de haut niveau est présidé par l'écrivain A.B. Yéhoshoua (ayant démissionné, ce dernier a été remplacé par l'ancien ambassadeur d'Israël à Paris et aux Nations unies, Yéhouda Lancri) et par l'éminent professeur David Khayat pour la partie française.
Les propositions françaises pourraient donner naissance à des projets aussi divers que la coopération technique en pays tiers, la coopération dans le domaine génétique, un programme d'invitation et déchanges de jeunes personnalités d'avenir, etc.
Evidemment, ce sont les propositions relatives à la Culture qui nous intéressent le plus. Ainsi, une exposition géante sur les découvertes archéologies faites en Israël par des équipes darchéologues français tout au long du siècle dernier pourrait être montée en France et en Israël. Dans un autre registre, Israël pourrait tirer profit du savoir-faire français en matière de sauvegarde du patrimoine pour des travaux de reconstitution et de commémoration des grandes entreprises réalisées en Israël par le baron de Rothschild à partir du 19ème siècle.
Au programme également, la rénovation de l'« Eden », ce cinéma mythique de Tel-Aviv qui pourrait être transformé grâce à l'assistance parisienne en un Centre du cinéma européen que dirigeraient conjointement Français et Israéliens. Enfin, est également envisagée la création de centres d'accueil pour artistes des deux pays. Daniel Lefort, conseiller culturel de l'ambassade de France à Tel Aviv est pour sa part « convaincu qu'il s'agit d'un réel pas en avant qui aura des répercussions pratiques dans la coopération culturelle et scientifique des deux pays. »
Est-ce à dire que la France est en passe de modifier ses positions au sujet du conflit israélo-palestinien ? Rien n'est moins sûr. Au ministère des AE à Jérusalem, on a le sentiment que, même si sous de Villepin les déclarations du Quai dOrsay sont moins irritantes, les positions demeurent inchangées. En revanche, la thèse refusant de « laisser les divergences politiques prendre en otage les relations bilatérales » semble se renforcer.
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