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Jeudi 18 Avril 2002 - 6 Lyar 5762
- Linstant de léchec
Odded Granot (Maariv) - traduit par le service de presse de l'Ambassade de France en Israël.
° Selon les témoins de la rencontre à Ramallah, Yasser Arafat était rouge de colère et avait le plus grand mal à se contenir. Le Secrétaire dEtat Colin Powell a exigé de lui quil livre les assassins du ministre Rehavam Zeevi, quil arrête les candidats kamikazes et quil décrète de sa propre voix la cessation des violences au moment même où Sharon avait reçu de Powell le feu vert pour poursuivre laction militaire.
Comme si cela ne suffisait pas, au moment où Arafat demandait à Powell des garanties quIsraël ne pénétrera pas de force dans la Mouqataa, pour semparer des assassins de Zeevi, ainsi que Fouad Shoubaki de laffaire du Karin A , Powell lui aurait répondu selon un des témoins quil ne peut pas garantir que cela narrivera pas.
La conversation avec Powell, qui symbolisait en fait léchec de la tentative de celui-ci pour aménager un cessez-le-feu, a tellement mis Arafat en colère, quil sest pour la première fois exprimé dune manière qui reflète sa profonde frustration, à la suite de son long isolement forcé : Est-il acceptable que je ne puisse même pas franchir cette porte ? , a-t-il demandé de manière véhémente, pour ajouter une menace que si cela continue, la stabilité du Moyen-Orient sera menacée . Voilà ce quil a dit en toutes lettres.
La mission de Powell a été condamnée à léchec au moment où Arafat a repoussé toutes ses exigences, et alors que Sharon avait annoncé quil avait besoin dencore un peu de temps avant de retirer les forces israéliennes de Naplouse et Jénine. Dans la conférence de presse donnée hier à Jérusalem, Powell a expliqué que dans ces conditions, il ny a pas encore lieu de parler de cessez-le-feu.
Dans lentourage de Sharon, on est persuadé que les Américains comprennent très bien quil ny a aucune chance pour un accord avec Arafat, même si celui-ci appose sa signature, ni pour un cessez-le-feu, même annoncé par Arafat de sa propre voix. Mais le problème, daprès le Premier ministre, est que les Américains aussi sont dans un grand embarras parce que leurs ambassades dans le monde arabe sont assaillies par des foules en ébullition, et parce que les amis arabes des Etats-Unis jugent quils doivent accroître leur pression sur Israël. Un des signes de ce mécontentement a été lannulation hier de lentrevue entre le président égyptien, Hosni Moubarak, et Powell.
A Washington, on comprend que léchec de Powell risque dannoncer une violence encore plus grande dans les territoires. La solution quentrevoient les Américains consiste à créer une apparence daction
Ceci, sur deux volets : tout dabord, George Tenet reviendra dans la région dans une dizaine de jours, quoi quil nen ait guère lenvie. Deuxièmement, en faisant beaucoup de bruit médiatique autour de lidée de conférence régionale de la paix, née dans les conversations entre Sharon et Powell.
- Les Palestiniens : Que Bush et Powell aillent au diable !
Maariv (Menahem Rahat, Hanan Shlaïn, Shefi Gabay) - traduit par le service de presse de l'Ambassade de France en Israël..
Le Secrétaire dEtat américain a quitté la région sans avoir obtenu de cessez-le-feu entre les Palestiniens et Israël.
° Il y a un seul point sur lequel Israël et les Palestiniens sentendent : la mission de Colin Powell dans la région sest achevée sur un fiasco.
Powell na pas réussi à instaurer le cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens, ni à obtenir de ces derniers un engagement quils combattront le terrorisme. Sa dernière rencontre avec Yasser Arafat a été qualifiée par Yasser Abed Rabbo, le ministre palestinien de lInformation, de catastrophe ; et Rabbo a ajouté : Nous disons à Powell et à Bush : Allez au diable !
Dans sa conférence de presse de clôture, hier, Powell a appelé Arafat à agir énergiquement contre le terrorisme et à démanteler les infrastructures de celui-ci. Il la accusé davoir trompé les Etats-Unis et le monde entier, en faisant des promesses fallacieuses à ce sujet.
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) Powell a expliqué son échec dans la recherche dun cessez-le-feu par le fait que pour commencer, Israël doit achever le retrait de ses forces des villes palestiniennes, et que cest seulement après que commencera la négociation sur ledit cessez-le-feu.
- Les plan Mitchell et Tenet voués à la disparition
Aluf Benn ( Haaretz) - traduit par le service de presse de l'Ambassade de France en Israël.
Le secrétaire dEtat américain, Colin Powell, na pas réussi à mener à bien les objectifs de sa mission dans la région, et il a quitté hier Jérusalem sans cessez-le-feu, alors que Tsahal se trouve encore dans quatre villes palestiniennes, et que le dirigeant de lAutorité palestinienne, Yasser Arafat est toujours bloqué.(
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Pour Powell, les Israéliens sont responsables de léchec de sa mission. Il a dit quil ne pouvait obtenir de cessez-le-feu avant le retrait des villes de Cisjordanie, acceptant la thèse palestinienne quils ne peuvent agir contre le terrorisme tant que les chars israéliens se trouvent à leur porte et que leurs services de sécurité sont détruits. En cela, Powell neutralise laffirmation israélienne selon laquelle on ne peut négocier sous les tirs.(
) Powell rentre à Washington avec laccord de principe du Premier ministre, Ariel Sharon et dArafat pour une conférence de paix internationale et avec quelques acquis immédiats : il a obtenu de Sharon un calendrier pour le retrait de deux villes et demi en Cisjordanie, il a momentanément écarté le danger descalade à la frontière nord et il a montré aux Palestiniens que les Etats-Unis ne les ont pas abandonnés. Powell prouve également à ses amis européens et arabes que les Etats-Unis ont accru leur implication au Proche-Orient, et que ladministration du président Bush a été entraînée, comme ses prédécesseurs, à jouer les médiateurs entre Israël et les Palestiniens. (
) Du point de vue des parties, la visite du secrétaire dEtat les laisse à égalité, et le moment décisif dans la guerre opposant Israël aux Palestiniens a été repoussé. (
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La réussite de Sharon consiste à avoir évoqué lidée dune conférence, en la mettant au centre du débat politique, au lieu de traiter du retrait des territoires réoccupés et des accusations portées contre Tsahal. (
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Sharon a longuement présenté à Powell les résultats positifs de lopération Rempart . Le conseiller politique du Premier ministre, Dani Ayalon, a dit avant-hier aux correspondants étrangers : Lopération a prouvé que si lon veut, on peut lutter contre le terrorisme avec des moyens militaires. Pendant les trois semaines de lopération, il ny a eu que deux attentats suicide, et avant lopération, il y avait deux attentats par jour. Le secrétaire dEtat na pas été convaincu, et dans son discours de conclusion, il a souligné quil ny avait pas de sécurité sans processus politique .
- Les pays arabes ne sont pas prêts à faire la paix et cautionnent le terrorisme
Israël devrait-il accepter de se suicider avant que les pays arabes envisagent d'appeler à la tenue d'une conférence de paix ou à un cessez-le-feu dans le conflit israélo-palestinien ?
Colin Powell a quitté le Caire mercredi, sans avoir rencontré le président égyptien Hosni Moubarak. Les autorités égyptiennes n'ont pas donné la raison de cette annulation, annonçant simplement que le président était «indisposé».
Le Secrétaire d'Etat américain s'est toutefois entretenu par téléphone avec Hosni Moubarak tandis qu'il rencontrait son ministre des affaires étrangères Ahmed Maher et l'homologue jordanien de ce dernier, Marwan Muasher.
Dans une interview donnée par le président égyptien lundi et publiée mercredi, Hosni Moubarak estime que les attentats-suicide ne cesseront que par la reprise de négociations et l'assurance que les droits des Palestiniens seront respectés. [il a ainsi justifié les actes terroristes qui sont commis pour faire céder Israël]
Il juge également «illogique» de tenir une conférence de paix sur le conflit «alors que la situation s'est autant détériorée dans les territoires palestiniens sans un cessez-le-feu immédiat et un retrait des troupes israéliennes».
Mercredi, MM. Maher et Muasher ministre des affaires étrangères égyptiens et jordaniens ont refusé de condamner les attentats-suicide, qu'ils ont qualifiés d'expression de la résistance palestinienne.
«Je ne peux imaginer que quiconque puisse demander une condamnation de la résistance à l'occupation. L'occupation est là, et tant qu'il y aura de la violence de la part des Israéliens contre le peuple palestinien, la résistance continuera,» a déclaré Ahmed Maher. «Il n'y a aucun moyen d'arrêter tous ces événements tant qu'on ne rendra pas leurs droits au peuple palestinien».
M. Maher a déclaré avoir expliqué à Colin Powell que «toute discussion sur les enjeux politiques ou sécuritaires doivent être précédées d'un retrait israélien» de Cisjordanie et d'une fin du siège imposé par Tsahal sur les bureaux de Yasser Arafat à Ramallah et sur l'Eglise de la Nativité de Bethléem.
Les ministres ont par ailleurs déclaré qu'une conférence de paix ne pourrait éventuellement avoir lieu qu'en présence de toutes les parties impliquées dans le conflit, y-compris Yasser Arafat, la Syrie et le Liban.
- Israéliens et Palestiniens se rencontreront jeudi pour négocier la fin de la prise d'otage de l'Eglise de la Nativité
Des représentant israéliens et palestiniens se rencontreront jeudi pour tenter de négocier la fin de la prise d'otage de l'Eglise de la Nativité, dans laquelle sont encore retranchés 200 Palestiniens armés, encerclés par les troupes israéliennes, a annoncé le maire de Bethléem.
Hana Nasser a déclaré à l'Associated Press que des responsables palestiniens, parmi lesquels l'administrateur de la zone de Bethléem, rencontreraient des responsables israéliens dans le Centre pour la Paix de la ville. Ce centre de conférences construit en face de l'Eglise de la Nativité pour l'entrée dans le nouveau millénaire n'a presque pas servi.
Les autorités israéliennes n'ont pas souhaiter commenter cette information.
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a déclaré que les terroristes palestiniens auraient le choix entre l'exil et un procès en Israël, mais cette alternative a été refusée par les palestiniens...
- Washington opposera son véto à une nouvelle résolution palestinienne de l'ONU demandant le retrait israélien
Accusant Israël de défier le Conseil de sécurité et de bafouer leurs injonctions, les Palestiniens [fort de la majorité automatique composée des pays arabo-musulmans et d'une partie des pays européens] ont demandé mercredi qu'une nouvelle résolution ordonnant aux troupes israéliennes de quitter immédiatement les villes palestiniennes soit votée.
Frustrés par l'échec de la mission du Secrétaire d'Etat américain Colin Powell qui n'a pas céder au diktat palestinien, les observateurs palestiniens aux Nations unies se tournent une nouvelle fois vers le Conseil de sécurité, dont les résolutions sont exécutoires.
Un représentant américain a cependant annoncé mercredi que les Etats-Unis opposeraient leur veto à cette résolution, pour les mêmes raisons qu'ils avaient déjà prévu de le faire avant le voyage de Colin Powell au Proche-Orient.
Ce responsable, sous couvert d'anonymat, a expliqué que Washington était «fatigué de résolutions» et pensait que l'action devait maintenant prévaloir sur les mots à New York.
La Conseil de sécurité a déjà approuvé trois résolutions en trois semaines, la dernière le 4 avril.
Ces trois textes exigeaient la fin de 18 mois de violences israélo-palestiniennes, un cessez-le-feu immédiat, un retrait «sans délai» de Tsahal des villes de Cisjordanie qu'elle occupe, un retour des deux parties à la table des négociations, et l'instauration d'un accord de paix débouchant sur la création d'un Etat palestinien.
Le nouveau texte que demandent les Palestiniens ordonnerait la concrétisation immédiate de ces précédentes résolutions, et appellerait à «une présence internationale qui pourrait concourir à fournir de meilleurs conditions sur le terrains».
Il demanderait aussi l'ouverture d'une enquête de l'ONU sur «les événements tragiques» qui auraient eu lieu dans le camp de réfugiés de Djénine, «la fin immédiate» du siège de l'Eglise de la Nativité de Bethléem et des bureaux de Yasser Arafat à Ramallah.
Le Conseil de sécurité doit aborder ce dossier au cours d'une réunion jeudi, une fois que le secrétaire général Kofi Annan aura présenté aux états-membres son appel au déploiement d'une force armée internationale dans les territoires palestiniens.
Nasser Al-Kidwa, l'observateur palestinien auprès de l'ONU, a annoncé que les Palestiniens demanderaient un vote d'ici jeudi soir.