-
- la liste des infos au jour le jour
Samedi 8 Septembre 2001 - 20 Elul 5761
- Israël demande aux Européens de faire pression sur Arafat pour un cessez-le-feu
Le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres multiplie les contacts avec les dirigeants européens pour leur demander de faire pression sur le président palestinien Yasser Arafat afin de parvenir à un cessez-le-feu lors de leur rencontre la semaine prochaine.
Elle devrait avoir lieu mardi ou mercredi, très probablement à Erez, point de passage entre la bande de Gaza et Israël, et pourrait durer plusieurs jours, a-t-on appris auprès de l'entourage de Shimon Peres.
Le chef de la diplomatie israélienne a annoncé le principe de cette rencontre jeudi soir à son arrivée à la Villa d'Este, un hôtel de luxe situé sur les rives du lac de Côme, au nord de l'Italie, où il est l'invité du forum économique organisé par l'Institut Ambrosetti.
Shimon Peres n'a pas fourni de précisions sur le lieu et la date, mais les choses se sont précisées au cours de contacts que ses collaborateurs ont avec ceux du Président de l'autorité palestinienne.
L'annonce officielle devrait intervenir en début de semaine prochaine. Yasser Arafat attend en effet la déclaration dimanche des ministres de la Ligue arabe réunis au Caire avant de se prononcer, a-t-on expliqué de source israélienne.
Cette première rencontre sera exclusivement consacrée à la négociation d'un cessez-le-feu, considéré par les Israéliens comme "la condition" à toute autre discussion.
Cet accord doit impliquer un arrêt de toutes les attaques et des actions terroristes, mais également des incitations à la violence. Il conditionne un redéploiement de l'armée israélienne et la mise en oeuvre des mesures pour améliorer les conditions de vie des Palestiniens, souligne-t-on de même source.
Shimon Peres a un "mandat plein pour négocier ce cessez-le-feu, mais pas pour négocier autre chose", a-t-on assuré.
Le chef de la diplomatie israélienne sait que la négociation sera difficile, mais il n'y a "pas d'autre alternative" et elle "ne peut attendre", a-t-il confié aux participants du forum Ambrosetti.
Deux autres rencontres sont ensuite prévues entre les deux hommes au cours du mois de septembre, a annoncé Shimon Peres. Mais elles dépendent des résultats de la première, d'où l'importance de bien la préparer, a-t-il insisté.
La seconde pourrait se tenir à Taba (Egypte), à la frontière avec Israël, ou en Europe, a-t-on indiqué au sein de la délégation israélienne venue à Cernobbio. La troisième se déroulerait en marge de l'Assemblée des Nations Unies à New York, fin septembre-début octobre, a-t-on précisé.
Au cours de son séjour à la villa d'Este, Shimon Peres a multiplié les entretiens avec les responsables européens présents à ce forum. Il a eu samedi un long tête-à-tête avec le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar. Jeudi soir, il avait longuement parlé avec son homologue italien Renato Ruggiero et vendredi, il a discuté avec le président de la Commission européenne Romano Prodi.
A tous ses interlocuteurs, il explique la position de son gouvernement face au actions terroristes, "dangereuses à terme pour Yasser Arafat, car à un moment ou un autre, elle se retourneront contre lui", et, surtout, leur demande de faire pression sur le dirigeant palestinien pour qu'il accepte le cessez-le-feu.
"On ne négocie pas sous le feu, mais on accepte de négocier pour un cessez-le-feu", leur a-t-il expliqué.
"L'Europe est un partenaire important pour les Palestiniens. Ils dépendent de leurs financements, de leur appui et de leurs déclarations. C'est pourquoi il est important que les Européens parlent d'une même voix pour qu'Arafat les écoute", souligne son entourage.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réunissent lundi et la situation au Proche-Orient sera un des thèmes de leur réunion.
Shimon Peres reste toutefois réaliste sur les chances de succès de sa rencontre avec le dirigeant palestinien. "Arafat a plus de pouvoir qu'il ne pense, mais moins que nécessaire", a-t-il confié à un responsable européen rencontré à Cernobbio.
- Des hélicoptères israéliens ont tiré samedi sur les bureaux du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, à Ramallah, il n'y aurait pas de victimes.
Tsahal a affirmé que cette attaque était perpétrée en représailles à des attentats commis par des Palestiniens contre des Israéliens, notamment celui qui a entraîné la mort d'un soldat israélien et des blessures graves à une femme officier jeudi à quelques kilomètres de Tulkarem.
Deux hélicoptères ont apparemment participé à cette opération. Trois missiles ont été tirés sur le bâtiment visé, provoquant des dégâts importants, selon des témoins.
Carlos Zaghlool, un employé du Fatah qui travaille dans le bâtiment, a déclaré qu'une réunion de responsables de l'organisation venait de se terminer dans les locaux quand les missiles ont été tirés. "Un missile est entré dans la pièce", a-t-il affirmé, en ajoutant qu'il avait réussi à sortir du bâtiment par la fenêtre de la salle de bains.
Marwan Barghouti, chef du Tanzim, la milice du Fatah, a accusé Israël d'avoir voulu supprimer Mohammed Mansour, responsable du Fatah, qui venait de quitter le bâtiment peu de temps auparavant. Tsahal n'a pas confirmé cette information.
- Un Palestinien a été tué et un autre grièvement blessé par une explosion survenue samedi aux premières heures dans un immeuble inhabité de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ont rapporté des témoins palestiniens.
Des voisins, réveillés par l'explosion qui s'est produite dans cet immeuble inachevé, en partie abandonné et servant de cachette à des Palestiniens armés, y ont découvert la dépouille calcinée d'une personne et une autre grièvement blessée.
On ignore la cause exacte de la déflagration. Plusieurs Palestiniens ont été tués en fabriquant bombes ou autres engins explosifs depuis le début de l'intifada en septembre dernier.
Un militant palestinien, qui a refusé de s'identifier, a accusé des "collaborateurs israéliens" d'avoir posé une bombe dans le bâtiment. Mais de source palestinienne à Gaza, on dit soupçonner un "accident de travail" - euphémisme employé lorsque des bombes explosent prématurément alors qu'elles sont en cours de fabrication ou d'entreposage.
- Dans la bande de Gaza des coups de feu étant partis d'un groupe de lanceurs de pierres, près du point de passage de Karni, à la frontière avec Israël, les militaires de Tsahal ont tiré deux balles aux jambes des meneurs du groupe et blessé par balle vendredi un jeune Palestinien de 18 ans qui leur lançait les pierres,
L'incident a eu lieu après que des soldats israéliens eurent partiellement démoli un bâtiment d'où étaient fréquemment tirés des coups de feu sur des soldats et des israéliens en déplacement entre Karni et l'implantation juive de Netzarim.
- Des soldats de Tsahal ont riposté à des Palestiniens qui avaient lancé une vingtaine de grenades contre des positions militaires situées le long de la frontière avec l'Egypte. Des médecins palestiniens ont fait savoir que trois personnes avaient été blessées dans cet accrochage vendredi soir à Rafah.
- Des Palestiniens armés ont ouvert le feu sur une voiture près de Jérusalem, blessant légèrement son conducteur, a rapporté Tsahal.
- Les délégations participant à la Conférence mondiale contre Israël ont finalement adopté par consensus samedi, au terme de neuf jours de débats houleux, une déclaration qui reconnaît l'injustice de l'esclavage et la "situation critique" des Palestiniens.
Sur ces deux questions, un compromis n'avait pu être trouvé que samedi matin, alors que la conférence devait s'achever la veille au soir. Tout en acceptant la solution proposée par l'Afrique du Sud, hôte de la réunion, le camp arabe a exprimé d'importantes réserves, regrettant que le texte final ne condamne pas directement Israël pour le traitement infligé aux Palestiniens.
"Bien qu'une inquiétude se fasse jour sur la situation critique du peuple palestinien, confronté à une occupation étrangère, le texte ne condamne pas la politique et les pratiques discriminatoires d'Israël", a constaté l'Organisation de la conférence islamique (OCI) dans un communiqué. "Il est regrettable que nos efforts visant à ouvrir des négociations sur cette question (...) aient été mis en échec par d'autres parties."
Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh a été jusqu'à rejeter le paragraphe reconnaissant l'Holocauste. Selon lui, les Européens sont les seuls responsables de ce génocide et "tentent de répandre leur culpabilité dans le monde entier."
Après l'adoption de cette déclaration et du programme d'action élaboré durant cette Conférence, l'Australie et le Canada se sont également dits mécontents de la formulation, dans le texte final, du passage sur le Proche-Orient, jugé trop hostile à l'Etat hébreu. Le projet initial de déclaration, qui assimilait le sionisme au racisme, avait entraîné le départ des délégations israélienne et américaine en début de semaine.
Dans la matinée, la chef de la diplomatie sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma avait annoncé prématurément la conclusion d'un accord sur les deux pommes de discorde. Malgré la publication par plusieurs Etats musulmans d'un communiqué de confirmation, les discussions avaient repris. Plusieurs membres de la partie arabe s'opposaient en effet au retrait d'un texte additionnel concernant le conflit israélo-palestinien, et notamment d'un paragraphe soulignant que "l'occupation étrangère (...) fait partie des formes et des sources de discrimination raciale."
Passée l'heure-butoir de 16h fixée par les organisateurs en raison du départ des interprètes, l'objection arabe a été rejetée et les différents textes de la déclaration finale adoptés par consensus.
Dans le compromis final, la Conférence reconnaît que l'esclavage et la traite des Noirs ont constitué "et constitueront toujours" des crimes contre l'humanité. Elle présente également des excuses, par le biais d'une dénonciation du colonialisme, et propose en guise de réparations une aide économique spéciale à l'Afrique.
"Nous sommes heureux d'avoir trouvé une solution", a déclaré le délégué autrichien Hans Winkler, au nom des Européens.
Le projet de déclaration sur l'esclavage a été conclu samedi à 4h du matin entre l'Union européenne et plusieurs pays africains. La ministre sud-africaine des Services publics, Geraldine Frasier-Moleketi, a qualifié le texte de "grande" victoire et de "résolution juste".
Les réparations envisagées, qui ne sont pas directement liées au commerce des esclaves dans le document final, pourraient prendre pour les Africains la forme d'un allègement de la dette, d'une plus grande ouverture des marchés et de mesures d'éradication de la pauvreté.
"L'Afrique a rendez-vous avec l'histoire", a relevé Amina Mohamed, le médiateur kenyan de ces discussions. "L'accord que contient ce document est loin d'être satisfaisant. Il est terriblement imparfait, mais il jette de nouvelles bases et, pour la première fois, reconnaît la dignité de l'homme noir."