29.06.2001
La corruption dArafat
par Rachel Ehrenfeld, Jerusalem Post, le 27 juin 2001
Yasser Arafat, cela ne fait pas de doute, détient les clés des coffres qui contiennent les capitaux sur lesquels vivent lAutorité palestinienne et lui-même. Pendant que le directeur de la CIA, George Tenet, négociait avec lui, les dollars du contribuable américain continuaient à parvenir à ses coffres personnels ; cest à raison de 75 millions de dollars par an au moins depuis 1994 que le flux se poursuit, selon un rapport présenté au Congrès (par le Service de Recherche du Congrès) le 17 avril 2001.
Cest systématiquement quArafat, de nombreux exemples lont prouvé, sest servi dans cet argent, comme dailleurs dans celui qui lui a été versé et qui était destiné aux réfugiés des camps. Il est surprenant de voir, malgré cela, quil jouit encore de la confiance, de la reconnaissance et même de la sympathie de la plupart des dirigeants du monde.
Sa richesse personnelle et celle de ses proches nest cependant pas passée inaperçue du peuple palestinien. Les écarts grandissants et très visibles dans les territoires contrôlés par Arafat, dont les signes les plus ostentatoires sont les rangées de villas et les Mercedes-Benz du modèle le plus récent appartenant à ses acolytes, face à la pauvreté affligeante de la plus grande partie des Palestiniens menacent aujourdhui son régime. En déclenchant la dernière Intifada, Arafat a pu utiliser la situation économique dans les territoires, pour faire valoir les "sacrifices" que faisait son peuple dans sa mobilisation contre « lennemi sioniste ». Il a ainsi réussi à détourner lattention de la corruption latente au sommet de la hiérarchie de lAutorité palestinienne. En outre, pour mieux cacher ses méfaits, Arafat na pas hésité à ordonner lenlèvement de Jawar al-Rusien, lancien trésorier de confiance de lOLP. Le 20 avril, al-Rusien a été kidnappé par des hommes armés de son domicile dAbou Dhabi dans les Emirats Arabes Unis, puis amené, menottes aux poings, dans lavion personnel dArafat à Gaza. Ce nest que récemment que les aides dArafat ont reconnu quils le retenaient, alors que lon avait perdu sa trace depuis des mois, car "il na pas remboursé ses dettes," selon une information publiée par le quotidien Yediot Aharonot.
Bien avant les accords dOslo en 1990, la CIA évaluait la fortune de lAutorité palestinienne entre 8 et 14 milliards de dollars en biens, provenant officiellement dune taxe de 5 pour cent applicable à tous les Palestiniens employés dans les pays arabes. Toutefois, selon un rapport du British National Criminal Intelligence Service (NCIS) de 1993, publié la veille de la fameuse "poignée de mains" devant la Maison Blanche, la grande partie des fonds de lOLP provenait de "dons, dextorsion, de pots de vin, de trafic darmes, de trafic de drogue, de blanchiment dargent, de délits, etc." Mais, une autre enquête menée par la General Accounting Office (GAO) en novembre 1995 a été tenue secrète à la demande de la CIA pour des raisons décrétées de "sécurité nationale." Ce nest que maintenant que le Sénat américain tente den faire publier les résultats.
Un autre rapport encore, celui-là du Daily Telegraph du 6 décembre 1999, a révélé que des hackers avaient réussi à pénétrer le réseau informatique de lOLP. Le journal répertoriait une liste de biens dune valeur de 50 milliards de dollars pour lannée 2000 ( 32 milliards pour 1998.) Tout ceci, on le sait, nempêche pas Arafat et les dirigeants de lOLP de continuer à crier famine.
La corruption dArafat se caractérise par une suite de délits. De plus, lAutorité palestinienne a reconnu que lIntifada actuelle a été instiguée et planifiée par Arafat après léchec du sommet de Camp David.
Mais, maintenant, nous avons à notre disposition les instruments légaux nous permettant déclaircir la situation. Aux Etats-Unis, R. Richard Newcomb haut fonctionnaire aux Finances a expliqué au Sénat, plus exactement devant la sous-commission des Appropriations, le 10 mai, que lAgence chargée du contrôle des biens étrangers, du ministère des Finances pouvait interdire ou réglementer les transactions commerciales et financières concernant certains pays étrangers, groupes ou individus ayant été impliqués dans des actes de terrorisme, du trafic de drogue ou du blanchiment dargent. Et puisque la FTAF dont le siège est à Paris a menacé Israël de sanctions sil ne semployait pas à faire appliquer la loi contre le blanchiment dargent dans son intégralité, Israël na quà faire accuser Arafat comme preuve de sa bonne volonté.
(Lauteur est directeur du Centre de recherche sur la corruption et lexercice de la loi, à New-York.)