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Dimanche 10 décembre 2000 - 13 Kislev 5761
La démission samedi d'Ehud Barak de son poste de Premier ministre a été accueillie avec surprise en Israël et avec prudence par les Etats-Unis, les Palestiniens et l'Egypte.
Tout en indiquant qu'il s'agissait d'une affaire intérieure israélienne, les Palestiniens ont estimé que cela allait "affecter le processus de paix", sans toutefois dire de quelle manière.
Pour sa part, le chef de l'opposition en Israël, Ariel Sharon, s'est dit "surpris".
Dans un communiqué, il a estimé que "M. Barak est sans doute arrivé à la conclusion que son gouvernement n'était pas à même de continuer à fonctionner dans cette grave situation sécuritaire et face à la confusion politique qu'il avait créée".
"Le Likoud prendra toutes les mesures nécessaires pour être prêt à tout moment pour des élections qu'il
remportera", a-t-il conclu.
La Maison Blanche et le gouvernement français ont estimé qu'il s'agissait d'une affaire intérieure israélienne, alors que le ministre égyptien des Affaires étrangères, Amr Moussa, a évoqué les effets de cette décision sur le processus de paix, sans préciser lesquels.
Une porte-parole de la Maison Blanche, Nanda Chitre, a déclaré que la décision de M. Barak était "une affaire interne israélienne" et ajouté que les Etats-Unis continuaient "à soutenir le processus de paix" israélo-palestinien et restaient "déterminés à aider les parties".
"Mais c'est à elles qu'il appartient de décider des prochaines étapes", a-t-elle dit.
Le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, présent au sommet européen de Nice (sud-est de la France), a estimé que M.Barak "est le seul juge" de cette décision qui "relève de la politique intérieure" israélienne.
"Ce qui nous importe, c'est que les Palestiniens et les Israéliens tiennent pleinement, sans détour inutile, les engagements de Charmel-Cheikh" conclus en octobre entre les deux parties pour un arrêt de la violence dans les territoires palestiniens, a ajouté M. Védrine.
A Gaza, le secrétaire général de la présidence palestinienne, Tayeb Abdelrahim, a déclaré que la démission était une "affaire intérieure israélienne dans laquelle nous ne voulons pas nous ingérer".
"C'est une démission qui va affecter le processus de paix", a-t-il dit, sans préciser en quoi.
De son côté, le président du Conseil législatif palestinien (parlement), Ahmed Qoreï, a regretté le fait que s'ouvre une "période morte de 60 jours pendant laquelle il sera impossible d'arriver à un accord" avec Israël.
L'instabilité va se poursuivre au Proche-Orient tant qu'Israël occupera les territoires palestiniens, a déclaré pour sa part l'un des principaux négociateurs palestiniens Saëb Erakat sur la chaîne américaine d'information en continu CNN.
La démission de M. Barak entraîne automatiquement des élections pour le poste de Premier ministre dans un délai de 60 jours.
Plusieurs députés du Likoud ont demandé que des élections législatives soient organisées en même temps que l'élection du chef du gouvernement et dénoncé une manoeuvre destinée à écarter de la course l'ancien Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu.
La loi électorale précise que seuls des députés peuvent se présenter au poste de Premier ministre, ce qui élimine la candidature éventuelle de l'homme fort de la droite israélienne, que tous les sondages donnaient largement vainqueur en cas d'élections anticipées.
Un député du Likoud, Uzi Lanau, a estimé "impensable de tenir seulement des élections au poste de Premier ministre", alors que Meir Chetrit, un autre député du Likoud, a évoqué la possibilité que la Knesset vote cette semaine sa dissolution pour ouvrir la voie à des élections anticipées.
Le centriste Amnon Lipkin-Shahak, membre du gouvernement de M.Barak, a affirmé que la plupart des députés de son parti, le parti du Centre, "soutiennent des élections générales".
Eli Yishaï, chef politique du parti ultra-orthodoxe Shass, a qualifié la décision de "dramatique".
"Il faut légiférer pour permettre à Netanyahu de se présenter. Si Ariel Sharon se présente face à Barak et que Netanyahu ne peut se présenter, nous soutiendrons Sharon", a-t-il dit.
A gauche, le chef du Meretz, Yossi Sarid, a parlé de "décision courageuse", alors que plusieurs membres du parti travailliste ont soutenu la démission du chef de leur parti.